novembre 4, 2025
Les Tokelauans célèbrent le lancement de la toute première traduction de la Bible intégrale en tokelau, la langue de leur cœur. Organisée sur l’atoll de Fakaofo le 27 octobre dernier, la cérémonie de lancement a marqué l’aboutissement de 26 années de travail fidèle, de collaboration et de prière. Elle a coïncidé avec la Semaine de la langue tokelau à Aotearoa (nom maori de la Nouvelle-Zélande).
Neels Janse van Rensburg, directeur général de la SBNZ, a déclaré :
« Cet accomplissement témoigne de la puissance du partenariat et de la persévérance du peuple de Dieu. Il montre ce qui peut arriver lorsque la traduction, la communauté et la foi s’unissent. »
26 années de fidélité
Avec le soutien de la SBNZ et de l’ABU, le rêve de cette ethnie de disposer d’une Bible intégrale en tokelau – rêve qu’elle avait depuis des décennies – s’était enfin concrétisé en 1996 sous la forme d’un projet structuré. Le lancement officiel de ce chantier avait eu lieu lors d’un atelier de traducteurs organisé par la SBNZ. Au cours des décennies qui ont suivi, des équipes de traducteurs, des linguistes et des conseillers ont travaillé avec persévérance pour donner vie aux Ecritures dans la langue des Tokelauans. La tâche était colossale, notamment parce que le tokelau était depuis longtemps une langue orale et que les premiers traducteurs ont d’abord dû développer des formes écrites et une grammaire cohérentes avant de pouvoir démarrer la traduction.
Parmi les chevilles ouvrières de cette entreprise, citons en particulier Ioane Teao (photo, à gauche, avec Stephen Pattemore), qui a consacré plus de 23 ans à ce travail, et Tui Sopoaga, qui a présidé le comité de traduction. En collaboration avec Stephen Pattemore, directeur de la traduction à la SBNZ désormais à la retraite, ils ont procédé à la vérification finale des versets en 2019. Clare Knowles, Abi Das et Daniel Harrison ont supervisé les dernières étapes (la composition, la conception et la publication) afin de faire en sorte que la Bible soit prête à temps pour la célébration tant attendue.
Janse van Rensburg a également salué le soutien apporté par l’ABU à ce projet : « L’ABU a fourni des services préliminaires de conseil et d’expertise en traduction au cours des toutes premières années du projet, ainsi que des outils techniques, comme Paratext, et des orientations stratégiques qui ont été essentiels à la réussite de ce projet. »
La Bible contribue à la préservation de la langue
L’idée d’une Bible en tokelau avait germé à la fin des années 1960, époque où les Tokelauans ont commencé à émigrer vers la Nouvelle-Zélande. Alors que les générations précédentes avaient utilisé la Bible en samoan, les Tokelauans nés en Nouvelle-Zélande étaient confrontés à une nouvelle réalité : beaucoup ne parlaient plus couramment le samoan. Il devenait donc urgent qu’ils disposent d’une Bible dans leur langue maternelle.
Dans les années 1980, le tokelau devenait peu à peu la langue la plus utilisée pour les offices. Cependant, en l’absence de Bible, cette évolution était freinée dans sa dynamique. En 1991, les premières réunions ont été organisées par l’Eglise presbytérienne des îles du Pacifique (Grey Lynn et Porirua), suivies de consultations à Auckland, Hutt Valley, Rotorua et Taupo. Ce travail a débouché sur la visite d’une délégation aux Tokelau en 1994, destinée à obtenir l’approbation de ce projet. Soutenu par les autorités, les Taupulega (conseils des anciens) et les groupes d’Eglises, le projet a officiellement démarré en juin 1996 sous l’égide de la Société tokelauane pour la traduction de la Bible, en partenariat avec la SBNZ et l’ABU.
L’arrivée de cette Bible constitue un renouveau linguistique et culturel. Pendant des générations, les Tokelauans ont dû s’en remettre à la Bible en samoan pour les lectures dans l’Ancien Testament et aux quelques portions disponibles en tokelau. C’est en 1999 qu’avait été publié le premier évangile, celui de Marc, suivi des trois autres quatre ans plus tard. En 2009 avait eu lieu le lancement du Nouveau Testament, lors d’une cérémonie organisée à l’église de Pahina. A présent, en 2025, c’est la première fois que l’intégralité de la Parole de Dieu peut être lue, entendue et appréciée en tokelau.
Un événement important sur le plan culturel
Au cours des deux jours qui ont suivi la cérémonie de lancement, l’équipe de la SBNZ qui s’était rendue aux Tokelau pour l’occasion a été honorée lors d’une séance du Parlement tokelauan. Les députés ont remercié tous ceux qui avaient participé à la réalisation de cette Bible et la réception s’est terminée par une soirée culturelle agrémentée de chants et de danses interprétés par les habitants des trois atolls coralliens tropicaux nommés Atafu, Nukunonu et Fakaofo.
L’équipe de la SBNZ a également reçu en cadeau un toluma ; il s’agit d’un récipient en bois qu’on avait l’habitude de conserver dans les pirogues en mer. Les marins y plaçaient leurs objets de valeur, leurs prises et tout ce dont ils avaient. Si l’embarcation venait à chavirer, ce récipient flottait et finissait par transporter son contenu jusqu’à l’endroit où il échouait. Un toluma a donc été offert à la Société biblique, une organisation qui apporte la Bible, l’espérance et la sagesse aux diverses populations.
Kelihiano Kalolo, dirigeant tokelau et ancien Ulu-o-Tokelau (chef du gouvernement des Tokelau), a qualifié cette nouvelle traduction de la Bible de « très grand événement », indiquant qu’elle rappelait avec force la nécessité de préserver et de renforcer la langue. « Elle va être bénéfique pour le développement de la vie spirituelle des habitants, ce qui conduira à une vie harmonieuse dans les villages », a-t-il déclaré. D’autres ont comparé la Bible à une « pirogue » permettant à leur langue et à leur culture de rester à flot dans un monde en constante évolution. Cette nouvelle Bible nous rappelle que chaque traduction est un pont entre Dieu et son peuple, renouvelant aussi bien la foi que la culture pour les générations à venir.
La vie et la foi aux Tokelau
Les Tokelau sont un petit territoire néo-zélandais situé dans le sud de l’océan Pacifique, composé de trois atolls nommés Atafu, Nukunonu et Fakaofo, d’une superficie d’environ 10-12 km2.
Situés à environ 480 km au nord de Samoa, à mi-chemin entre Hawaï et la Nouvelle-Zélande, ils sont généralement accessibles par bateau depuis Samoa. Un trajet simple dure environ 24 heures.
Les Tokelau comptent environ 1 500 habitants, ce qui les place au 4e rang des populations les moins nombreuses de tous les Etats souverains ou dépendances du monde.
La majorité des habitants des Tokelau sont chrétiens, de sorte que le christianisme joue un rôle important dans le mode de vie des Tokelauans. Ils disposent enfin d’une Bible dans la langue de leur cœur, qui va pouvoir enrichir davantage leur foi à l’avenir.