Le legs de Nami : Godaku Tjukurpa ou la Bible illustrée pour enfants en pitjantjatjara - United Bible Societies

novembre 25, 2024

Un ensemble de ressources en langues pitjantjatjara
et anglaise publiées par la Société biblique d’Australie.

Inspirée par les Bibles pour enfants disponibles en anglais, Nami Kulyuru, une traductrice de la Bible en pitjantjatjara, a eu l’idée de transmettre les récits bibliques à ses descendants en recourant aux peintures traditionnelles de son ethnie. Après son décès en 2022, la famille de Nami et sa communauté ont veillé à ce que son héritage perdure grâce au projet « Godaku Tjukurpa » (L’histoire de Dieu) – la Bible illustrée pour enfants en pitjantjatjara – produite par la Société biblique australienne (SBA).

Après avoir fait part de son idée à des amis et des collègues, Nami a entamé la partie artistique de cet ouvrage en 2021. Elle est alors passionnée par le fait que les enfants de son ethnie y compris ses enfants et petits-enfants, aient accès à des représentations visuelles des Ecritures qui leur parlent.

En tant que traductrice de la Bible dans le cadre du projet de traduction de la Bible en pitjantjatjara, Nami a joué un rôle déterminant dans la traduction du livre d’Habacuc et a pu en voir la version finale avant son décès en 2022.

Coordinateur du projet de traduction en pitjantjatjara au sein de la SBA, David Barnett a expliqué lors de la cérémonie de lancement que Nami avait décrit le projet de Bible illustrée pour enfants comme étant une « carte visuelle » permettant aux enfants indigènes pitjantjatjara de mieux comprendre les Ecritures. Dans de nombreuses cultures indigènes, l’art est un moyen de transmettre des récits de génération en génération ‑‑ un moyen riche en symboliques et en références culturelles. De tout temps, les tribus indigènes établies en Australie ont transmis l’histoire de leurs origines et de leur culture aux plus jeunes par le biais de l’art, en peignant sur des structures rocheuses, dans la terre ou sur leur peau.

Hélas, peu de temps après avoir commencé ce travail, Nami a appris qu’elle était atteinte d’une tumeur cérébrale foudroyante. Malgré cette épreuve, elle a continué de peindre et a réalisé plusieurs autres tableaux.

 Peinture de Nami illustrant la rencontre de Jésus avec la Samaritaine au puits, relatée dans Jean 4.

Pourtant, au milieu de l’année 2022, Nami s’est éteinte et a rejoint Jésus. Sa famille, son ethnie et les personnes inspirées par son travail n’ont alors pas voulu que la Bible illustrée pour enfants en pitjantjatjara reste inachevée. Ses amis, sa famille, ses collègues et notamment les traducteurs participant au chantier de traduction en pitjantjatjara, ont décidé de terminer son œuvre, en sa mémoire.

Pour poursuivre ce que Nami avait déjà créé, tous ces artistes improvisés se sont mis au travail afin que les œuvres d’art illustrant cette bible soient réalisées.

N. B. : vidéo avec l’aimable autorisation de la Société biblique australienne et disponible uniquement en anglais.

Collecte de fonds

En plus de l’immense travail artistique accompli par les amis et la famille de Nami après son décès, les fonds nécessaires à la réalisation de cet ouvrage ont pu être réunis grâce à la générosité d’un établissement scolaire et de la famille de Jonathan Harris.

Neil Blenkinsop, enseignant à l’Emmaus
Christian College, à l’arrivée de son tour
cycliste destiné à collecter des fonds pour
le projet de Bible illustrée pour enfants en
pitjantjatjara.

Jonathan, qui fait actuellement partie de l’équipe de la SBA, et sa famille, ont choisi de soutenir le projet de Bible illustrée pour enfants en pitjantjatjara par le biais d’un don testamentaire consenti par son père, effectif après sa mort. Jonathan en est convaincu : « Nami a eu l’idée de permettre aux générations suivantes de recevoir la Parole de Dieu à travers l’art. C’est exactement ce que Papa aurait voulu. »

Vous trouverez plus d’informations sur le don de la famille de Jonathan en cliquant iciN. B. : vidéo disponible uniquement en anglais.

En août 2023, Neil Blenkinsop, enseignant à l’Emmaus Christian College d’Adélaïde (Australie-Méridionale), s’est lancé dans un périple à vélo de 1 351 kilomètres sur 8 jours, au départ du campus de son collège jusqu’à Ernabella, où est établie l’ethnie de Nami. Ce tour à vélo solidaire qui avait pour objectif de collecter les 30 000 dollars nécessaires au financement de la Bible illustrée pour enfants a largement rempli sa mission, à la fois en réunissant près de 40 000 dollars et en fédérant l’établissement scolaire autour d’un projet commun. Pour en savoir plus sur ce collecteur de fonds, cliquez ici.

Créer des passerelles entre les communautés

Neil Blenkinsop a contribué au partenariat étroit entre l’Emmaus College – où se déroulait la cérémonie de lancement de la Bible illustrée pour enfants en pitjantjatjara – et Ernabella et les territoires Anangu Pitjantjatjara Yankunytjatjara (APY). Dans les années 1980, Neil a en effet enseigné à l’Ernabella Anangu School pendant un certain nombre d’années, avant de revenir à Adelaïde exercer à l’Emmaus Christian College. Grâce aux liens qu’il avait tissés au fil des ans, il a établi un partenariat solide entre les deux établissements. Chaque année, des élèves de première de l’Emmaus College se rendent accompagnés de Neil à Ernabella, afin de cultiver les relations avec les Anangu.

Nami faisait partie des enseignants pitjantjatjara qui rencontrent chaque année ces élèves à Ernabella. En 2022, l’Emmaus College a demandé à Nami de réaliser une peinture mettant à l’honneur la relation durable entre les deux établissements, une œuvre aujourd’hui exposée sur l’un des campus de l’école. La vidéo ci-dessous illustre le lien durable qui unit les deux communautés.

N. B. : vidéo disponible uniquement en anglais.

Une cérémonie de lancement exceptionnelle

La famille et les amis de Nami ayant contribué à
l’achèvement de la Bible illustrée pour enfants en
pitjantjatjara.

La cérémonie de lancement de la Bible illustrée pour enfants en pitjantjatjara a été organisée le 2 novembre par l’Emmaus Christian College à South Plympton, dans la banlieue d’Adélaïde. Les participants ont été accueillis dès 13 heures dans la salle de récréation du collège transformée en galerie pour l’occasion, avec plus de 55 œuvres d’art exposées, chacune illustrant une scène représentant visuellement un passage-clé du texte biblique

Plus de 100 invités sont venus admirer les peintures, remplissant progressivement la salle jusqu’à 14 h, heure à laquelle les festivités officielles ont débuté. Le principal du collège, Andrew Linke, a souhaité la bienvenue à tous les participants et aux élèves avant d’expliquer le lien entre la Bible illustrée et l’établissement scolaire.

David Barnett, coordinateur du projet de traduction en pitjantjatjara de la SBA, a pris la parole pour présenter divers supports multimédias ainsi que différents intervenants afin de replacer le projet dans son contexte et informer davantage les participants. Comme d’autres intervenants, Neil Blenkinsop a fait part de son témoignage et expliqué pourquoi ce projet était si important à la fois pour lui et pour l’établissement.

Lors de la cérémonie, des exemplaires de la Bible ont été remis à l’équipe d’artistes ayant contribué à la réalisation de la vision de Nami – un moment émouvant empreint de gratitude et propice à la méditation. Un autre moment poignant, et en parfaite résonance avec l’objectif de l’événement, a été la prière en langue pitjantjatjara prononcée par l’un des artistes.

Les participants pouvaient acheter un exemplaire de la Bible avant la mise en vente au public prévue la semaine suivant la cérémonie. Des exemplaires sont désormais en vente ici.

La langue pitjantjatjara et ses locuteurs

Le pitjantjatjara est parlé par les indigènes anangu établis dans le centre de l’Australie. Entre 3 000 et 5 000 locuteurs du pitjantjatjara sont installés sur les terres APY, et beaucoup d’autres vivent dans des centres régionaux à travers l’Australie, notamment à Ceduna, Port Augusta et Alice Springs.

Nami et de nombreux traducteurs qui ont travaillé sur la traduction en pitjantjatjara sont originaires d’Ernabella, situé à environ 250 kilomètres seulement de l’Uluru, site naturel emblématique de l’Australie.